Comme l'ensemble des petites îles européennes, les îles du Ponant connaissent depuis le début du XXe siècle une phase de déclin économique et de déprise démographique, notamment liée au ralentissement des activités primaires. L'île de Sein a ainsi vu sa population divisée par six depuis 1936, suite à l'effondrement de l'activité de pêche. Le programme de recherche ID-îles (Initiatives et Développement dans les îles du Ponant) analyse une nouvelle phase de l'évolution démographique insulaire: depuis une quinzaine d'années, la population se maintient, voire, augmente. Ce phénomène est lié à l'installation de nouveaux habitants attirés par la qualité de vie insulaire. Ces populations développent des projets entrepreneuriaux variés afin de pouvoir réaliser le rêve de vivre sur une île. Ce phénomène prouve que les îles peuvent être aujourd'hui encore des territoires attractifs pour des populations actives et créatives malgré les contraintes liées à l'insularité. De plus, ces nouveaux habitants perçoivent les potentialités innovantes des îles : territoires limités, aux importantes ressources, elles constituent des espaces privilégiés d'expérimentation et de mise au point de nouveaux projets.

Ces résultats vont à l'encontre des représentations que les îliens ont bien souvent de leur propre territoire. Les fermetures de commerces et les départs de familles ont profondément marqué les perceptions des habitants. Si le développement du tourisme a constitué un renouveau économique, il est également perçu comme une menace pour la vie à l'année : certains craignent que les îles deviennent des lieux de villégiature, habités seulement à la belle saison, par des populations fortunées. Ces éléments ont participé à la construction d'un discours pessimiste sur l'avenir des îles.

Bien que les dynamiques démographiques et sociales analysées par le programme ID-îles restent limitées, il semblait nécessaire aux acteurs locaux comme aux chercheurs de diffuser les données de recherche et la vision plus optimiste du futur des îles qui en ressortent auprès des populations insulaires. Nous présenterons dans cette communication différentes actions menées en collaboration avec les acteurs locaux pour proposer aux habitants des représentations territoriales plus attractives de leur propre territoire.

• La première a émergé lors d'un atelier de restitution du programme de recherche et a ensuite été portée par les collectivités. Il s'agit de créer une marque pour protéger les produits fabriqués sur les îles. En effet, le programme de recherche a mis en avant le fait que l'image de l'île constitue un véritable atout pour le développement des entreprises : plusieurs témoignent que leurs produits, porteurs des valeurs de rareté et d'authenticité, sont mieux vendus que des produits continentaux. Cependant, ils subissent la concurrence directe de produits mettant en avant l'image de l'île, qui n'y sont pourtant pas produits.

• La seconde piste d'action est portée et développée par l'équipe de recherche, en collaboration avec les collectivités et acteurs locaux. Elle consiste à diffuser les résultats du programme de recherche au sein des collèges des îles, mais également auprès de l'ensemble de la population insulaire, à travers une émission de médiation scientifique. Le magazine télévisuel ID-îles, de 26 minutes, en est ainsi à son 12e numéro. Il est entièrement réalisé par deux géographes du programme, et diffusé sur les télévisions locales Tébéo, Tébésud, TVR ainsi que sur internet (www.id-iles.fr).

À travers l'analyse de ces expériences et de leurs résultats, nous tenterons de répondre aux questions: comment, dans le cadre du projet ID-îles, travaillons-nous en tant que chercheurs avec les acteurs locaux, pour participer à l'élaboration d'une nouvelle représentation territoriale attractive ? Quels sont les apports de cette démarche de recherche-action pour les chercheurs et pour les territoires impliqués? Quelles représentations territoriales sont ainsi proposées ? Comment sont-elles perçues par les habitants ? Nous nous intéresserons notamment aux trois principaux leviers sur lesquels se construisent ces nouvelles représentations : la mise en réseau des îles, la mise en forme audiovisuelle des données de recherche, et l'utilisation de ces représentations comme un outil de débat et d'animation territoriale.